« CEMEA : un congrès pour que les jeunes et les anciens partagent les mêmes valeurs » (Dépêche de l’Agence ToutEduc)

Le premier enjeu du XIème congrès des CEMEA, qui s’achèvera demain dimanche 23 août, est de donner aux militants le sentiment qu’ils sont « chez eux ». « Je me sens comme chez moi », dit à ToutEduc Skaïste, qui vient de Lituanie et qui a découvert ce mouvement d’éducation populaire à l’occasion de son « service volontaire européen », mais qui est du coup restée en France, et qui assure, dans la région Centre, l’accueil et le suivi d’autres jeunes européens. Elle évoque « quelque chose qui unit ». Tous disent, chacun avec ses mots, qu’ils sont là parce qu’ils sont militants, donc « pleins d’espérances », selon l’expression d’un retraité qui « retrouve la patate » en écoutant les jeunes et les moins jeunes qui se retrouvent sur le campus de Grenoble pour 5 jours de convivialité.

Contrairement à celui d’Aix qui, en 2010, avait adopté un « manifeste » et affiché les ambitions du mouvement, « construire une société plus juste, plus solidaire, plus égalitaire, dans une perspective éducatrice et émancipatrice », ce congrès n’a pas d’autre enjeu que d’être un « moment d’effervescence » et surtout de convivialité. « Je me régale », nous dit Coline, 26 ans. Jean-Philippe Tjibaou est président des CEMEA de Nouvelle-Calédonie, rebaptisés Pwära Warö (« jaillissement de la vie ») et il est venu présenter un outil qu’il a mis au point en s’inspirant des flèches qui ornent les toitures des cases, et qui permettent de dire qui on est, de quoi on est fier. « Cela permet de partager des valeurs avec des non-kanaks dans le cadre du congrès. » Pour certains, c’est un retour aux sources. Jean-Paul Delahaye, inspecteur général, ancien directeur de l’enseignement scolaire, se souvient que, élève de l’école normale, il avait préparé l’équivalent du BAFA (le diplôme de moniteur de colonie de vacances), avec les CEMEA. Pour d’autres, c’est leur premier congrès. David, un peu par hasard, a fait un stage aux CEMEA, et « je me suis retrouvé dans leurs valeurs », « privilégier l’humain, avoir un regard bienveillant, la réflexion avant l’action sans dissocier les deux ».

Un enjeu qui n’était pas forcément attendu

C’est aussi ce que nous dit André Sirota, le président du mouvement. Il cite une militante qui repartira « avec des repères pour l’action qui ne seront pas carrés ». Elle savait déjà, mais elle le sait encore mieux, qu’il faut parfois suspendre l’action pour « parler, s’ajuster »… Car ce congrès se découvre un enjeu qui n’était pas forcément attendu. « On attendait au moins 700 participants, nous sommes 8 à 900, dont 80 venus d’outre-mer ». Après un moment de creux, dans les années 90, peut-être dû à la création des IUFM et à la fin de l’obligation, pour les futurs instituteurs, d’un stage dans un mouvement d’éducation populaire, on assiste à un renouveau du militantisme. Alors que les 35-45 ans sont peu nombreux, les anciens passent le relais aux plus jeunes.

Ceux-ci cherchent des lieux de partage qui n’existent pas dans les institutions, où tout est compartimenté, hiérarchisé. David raconte sa surprise la première fois qu’il s’est retrouvé autour d’une table avec une cinquantaine d’enseignants, d’animateurs d’activités périscolaires comme lui-même, et d’autres professionnels « tous sur un pied d’égalité » avec un même souci, les enfants, alors qu’il se sentait jusque là « isolé », exerçant un métier « non valorisé ». Son propos répond d’ailleurs aux préoccupations de Jean-Luc Cazaillon, le directeur général, « faire un mouvement militant » plutôt que « développer un organisme de formation », même si les CEMEA ont, aussi, cette fonction, et investissent des champs divers, le périscolaire, l’action sociale, la santé mentale, la culture…

Le congrès est marqué par des moments forts, comme l’intervention d’Edwy Plenel, salué par une « standing ovation », et par des moments de doute, quand par exemple Sarah, elle aussi une jeune militante venue aux CEMEA via son service civique, décompte les prises de parole des hommes et celles des femmes, et constate un net déséquilibre : « sur ce plan, ce n’est pas mieux chez nous qu’ailleurs », mais « nous sommes là pour évoluer »…

La réussite scolaire aussi

A l’occasion du congrès, les CEMEA rappellent qu’ils se réclament de « l’éducation nouvelle » et qu’ils travaillent aussi sur les conditions de la réussite scolaire : « créer un climat de confiance et de sérénité entre les enfants, les jeunes et les adultes », « travailler finement à la complémentarité des différents acteurs et actrices éducatifs », »créer des liens de confiance avec les parents ». Cent projets ont été présentés, comme « l’école de quartier » mise en place à la Guadeloupe et à Perpignan pour remobiliser des jeunes ayant décroché, le « Slam pour faciliter l’expression et l’ouverture sur l’autre », dû aux CEMEA Picardie, ou les espaces de parole des CEMEA de Mayotte… Aux autres militants de s’en emparer et de les transposer dans leurs pratiques.

le site du Congrès des Ceméa http://congres2015.cemea.asso.fr/

Pascal Bouchard, Agence de presse ToutEduc

 


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