Les tables rondes

Réussite éducative, continuité et cohérence des temps et des espaces, l’éducation est devenue un enjeu collectif, un enjeu de société

Table ronde animée par Louise Tourret, journaliste, productrice  de l’émission « Rue des écoles » sur France Culture.

À l’heure de la défiance qui s’amplifie à l’égard des institutions de la République, à l’heure du doute sur la capacité à peser sur le cours des choses, l’Ecole mais plus largement l’ensemble des espaces éducatifs doivent redevenir ces terrains fertiles de confiance, de vie collective et de pouvoir d’agir favorisant par ailleurs la construction d’une identité citoyenne.

Mais nous savons que les réponses aux enjeux d’aujourd’hui seront sociales, idéologiques et éducatives.

La table ronde pourrait permettre d’aborder les questions suivantes :

  • Au tout social d’il y a quelques années a succédé le tout économique et bientôt le tout éducatif… La réalité est bien plus complexe…
  • Notre projet de mouvement d’Éducation Nouvelle est en soi un projet politique de transformation sociale, d’émancipation des citoyens. Quand on parle d’éducation aujourd’hui on ne parle pas nécessairement d’émancipation…
  • Les enjeux qui nous sont posés se déclinent à la fois dans l’institution dans les espaces périscolaires et extrascolaires dans les territoires. S’il fallait extraire, identifier 3 grands enjeux pour un mouvement comme le nôtre demain…

Intervenants : Valérie Becquet, Maître de conférences HDR, ESPE/Université de Cergy-Pontoise ; Jean-Paul Delahaye, auteur du rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour la réussite de tous », Inspecteur général de l’Education nationale ; Daniel Frandji, Maître de conférences en sociologie, ENS de Lyon, Ifé, UMr Triangle. Responsable de l’observatoire des politiques éducatives locales et de la réussite éducative (Poloc).

Voir la contribution écrite pour le Congrès par Jean Paul Delahaye.

Lire le Rapport de Jean Paul Delahaye « Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix dela solidarité pour la réussite de tous »

Voir aussi le l’avis du CESE sur la réussite éducative: http://www.lecese.fr/travaux-publies/une-cole-de-la-r-ussite-pour-tous


Laïcité, références idéologiques et enjeux de terrain

S’agissant de la laïcité, le sujet est d’actualité… La conférence tenue par Henri PENA-RUIZ lors du Festival européen du film d’éducation à Évreux peut servir de base à nos réflexions. Cependant, il y a une ambition qui nous tient à coeur, celle de pouvoir faire le lien entre conceptions, approche idéologique et les enjeux de « terrains ». Les 800 militantes et militants qui seront présents sont tous des acteurs de l’éducation : enseignants, animateurs, travailleurs sociaux, éducateurs. Nous avons besoin de faire des « ponts », des liens, pour tenter d’aider à la détermination des postures éducatives du quotidien. Nous avons produit des réflexions dans l’histoire de notre mouvement, mais il faut avancer sur les articulations entre ces conceptions (diverses y compris entre nous au sein des CEMÉA) et les réalités vécues, portées ou supportées par nos équipes chaque jour.

Intervenant : Henri Péna Ruiz, philosophe et écrivain français,  Agrégé de l’université et docteur en philosophie, Maître de conférences à l’IEP de Paris. Ancien membre de la commission Stasi sur l’application du principe de laïcité dans la République.

PRÉSENTATION DE LA CONFÉRENCE par Henri Péna Ruiz


République et laïcité : des principes aux questions pratiques

Dans une République, nulle personne n’est a priori citoyenne ou citoyen. Il lui faut le devenir, et cela ne se peut que par un effort. Issue d’une famille installée dans le pays depuis 30 générations ou depuis une génération, quelle que soit sa provenance géographique, sa conviction personnelle, religieuse ou athée, cet effort est le même, et il recouvre l’accès raisonné à la conscience de ce que requiert la citoyenneté. Dans la communauté de droit qui définit la République, c’est la volonté de vivre ensemble selon des lois qui est en jeu, et par conséquent la volonté générale, qui vise l’intérêt commun à tous. Ce n’est donc pas l’appartenance à une tradition, à un groupe religieux ou athée, à une origine géographique particulière. Unir par ce qui élève, et non par ce qui soumet, telle est la raison d’être de la République ainsi comprise. L’émancipation est ici en jeu. Elle a pour corolaires la laïcité et la justice sociale. La laïcité est essentielle à la République car elle en fonde la légitimité par son souci de principes universels, capables d’unir toutes les familles spirituelles sur la base d’une égale liberté et du souci du bien commun à tous, par-delà les différences. Ainsi unis par une référence commune à l’intérêt général, les divers croyants et les humanistes athées ou agnostiques jouissent des mêmes droits.

Quels sont dès lors les principes fondateurs de la République et de la souveraineté populaire qu’elle inaugure ? Ce sont la liberté, l’égalité, l’universalité de l’intérêt commun à tous, et ces principes sont source de fraternité. La laïcité comme indépendance de l’Etat par rapport à la religion comme par rapport à l’athéisme rend crédible et vraie la République en s’interdisant de privilégier une catégorie de citoyens et en assurant la promotion de l’autonomie de jugement que requiert une citoyenneté éclairée. Elle vise donc l’émancipation, c’est-à-dire la libération personnelle et collective par rapport à toute dépendance.

Ainsi, l’intégration républicaine comme union libre et fraternelle se fait non par l’assimilation qui gommerait toute différence ou par la soumission à une autorité religieuse qui aliénerait la liberté, mais par le processus d’affranchissement par rapport à toute tutelle. L’effort à faire pour y parvenir est tout simplement d’apprendre à penser par soi-même afin de juger en connaissance de cause. D’où le rôle essentiel de l’instruction publique et laïque, et de l’Ecole qui la dispense. Telle est l’émancipation ainsi promue, et elle délivre de tout faux semblant comme de toute soumission, sans pour autant compromettre le libre accomplissement de la singularité personnelle ou de la particularité partagée.

Pour les associations sportives et culturelles, les organisations de loisirs qui accueillent sans discrimination aucune les personnes qui leur sont confiées, la laïcité est la règle. Elle fonde tout un art de vivre ensemble en faisant admettre que nulle stigmatisation des athées ou des croyants n’est légitime. Elle laisse les particularismes religieux et coutumiers à la charge des seules familles, et promeut les principes d’égale liberté, de dépassement des différences dans la participation à une sphère commune, finalisée par le seul intérêt général. Cette approche est une façon de mettre en avant l’universel, sans nier ou dénigrer le particulier, mais en rappelant à toutes et à tous ce qui unit ou pêut unir. Elle est aussi une marque de respect à l’égard des êtres les plus vulnérables aux propagandes religieuses et aux proélytismes de toutes sortes: enfants et adolescents, personnes aux confins de l’exclusion sociale etc…

Les questions des tenues vestimentaires, des interdits alimentaires, des rites religieux, des rapports entre les sexes, entre autres, doivent être abordées avec la boussole républicaine, dont l’aiguille est toujours orientée vers le bien commun et non vers les choix particuliers, ainsi assignés à la sphère privée. L’exigence est ici vecteur de fraternité comme de concorde.

Un dialogue avec l’auditoire suivra la conférence

Petite bibliographie

  • Dieu et Marianne : philosophie de la laïcité. Paris 1999. Presses Universitaires de France. Collection. “ Fondements de la politique ”.(couronné par le Prix de l’instruction publique en 2000). Édition revue et augmentée Paris 2012 PUF Coll. Quadrige
  • La laïcité pour l’égalité. Édition Fayard Coll. Mille et une nuits. Paris 2001.
  • Le Roman du Monde : Légendes philosophiques. Édition Flammarion Paris 2001.
  • La laïcité (textes commentés) Paris 2003 Édition Garnier Flammarion
  • Qu’est-ce que la laïcité ? Paris 2003. Édition Gallimard, collection Folio Actuel.(Traductions en italien, en arabe, en turc).
  • Histoire de la laïcité. Genèse d’un idéal. Paris 2005 Édition Gallimard, Coll. Découvertes.
  • Grandes légendes de la pensée. Paris 2006. Édition Flammarion-France Culture. Nouvelle édition : J’ai lu Paris 2012
  • Bonheur (Les chemins de la vie sereine) Paris 2012 J’ai lu
  • Qu’est-ce que l’école ? Paris 2005. Édition Gallimard, collection Folio Actuel.
  • Histoires de toujours. Dix récits philosophiques Paris 2008. Ed. Flammarion-France Culture

Europe et international, les enjeux européens à l’horizon 2020

La construction géographique et politique de l’Union Européenne, les événements sociaux de ces quatre dernières années (les printemps arabes et les guerres qui ont succédé, la crise économique en Europe…), la restructuration administrative de la France… sont différents éléments à mettre en lien pour appréhender le contexte complexe dans lequel nous vivons. Quels marqueurs ou grandes tendances sont à l’oeuvre ?

Dans la compréhension de cet environnement, les CEMÉA repèrent trois enjeux principaux : l’éducation et son instrumentalisation ; l’injonction contradictoire entre la promotion de mobilité et le rejet des migrations ; le territoire et les territoires.

Intervenants : Martine Meheu, Vice-Présidente du Mouvement européen ; Conny Reuter, Secrétaire général de Solidar ; Liliane Esnault


10 ans après « les temps libérés », quels devenir pour les loisirs collectifs ?

Il s’agira à la fois de partager des éléments issus des dernières recherches ou études (place des loisirs collectifs dans le champ plus large des loisirs; qui choisit et sur quels critères (familles, adultes ? enfants ou jeunes ?) ; quelles évolutions à l’œuvre aujourd’hui, etc.) mais aussi, à partir de ces données, de ces réflexions, de tenter une analyse « prospective » sur ce que nous percevons de l’avenir même des loisirs collectifs.

Intervenante : Isabelle Montforté, Responsable des études à l’Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes de la JPA

Voir le reportage photo…


Psychothérapie et pédagogie institutionnelle : réinventer du possible !

La psychothérapie institutionnelle, la pédagogie institutionnelle, sont des pratiques théoriques de collectifs qui ne s’arrêtent pas aux portes de nos établissements qu’ils soient scolaires, médicosociaux ou psychiatriques. Ces pratiques de politique et de pédagogie constituent une référence pour notre mouvement. Au quotidien, ce sont des créations d’espaces que nous nommons Institutions qui s’élaborent et se transforment, tenant lieu de la parole du groupe et de chacun-e où s’élabore le vivre ensemble et se cultive le milieu de vie.

Face au management libéral à l’oeuvre dans certains établissements, et en dehors de toute nostalgie, le groupe de parole, le conseil à l’école ou dans le médico-social ou en psychiatrie, permettent une mise en sens, un lieu qui relie les personnes, où le désir s’anime, ou la fonction réceptacle de la parole « institutionnelle » s’opère. Il s’agit alors de questionner à quoi sert la parole et de quelle parole il s’agit ? Se tisse alors pour les personnes, le processus de désaliénation de leur propre institution. Les CEMÉA peuvent favoriser l’émergence et la création de ces institutions pour survivre, créer, penser et résister en lien avec la psychothérapie institutionnelle, la pédagogie institutionnelle.

Intervenants : Pierre Delion, Professeur de pédopsychiatrie ; Pascal Crété, Psychiatre, Directeur du Foyer Léone Richet à Caen


Quelles places pour les pratiques culturelles aujourd’hui dans la vie de la cité ?

À partir des questions « Quelle place pour les pratiques artistiques aujourd’hui dans la vie de la cité ? Et comment ? Pourquoi faut-il soutenir et promouvoir les pratiques artistiques aujourd’hui ? Et comment ? », nous pourrions ouvrir une réflexion sur les enjeux de la réalisation artistique et de la réception de propositions artistiques dans une perspective de transformation de la société.

Intervenants : Jean Caune, professeur émérite à l’université Stendhal de Grenoble, Président de Centres de Jeunes et de Séjours en Avignon ; Jean Michel Lucas, Docteur d’état es-sciences économiques, Maître de conférences à l’Université Rennes 2.

Références citées dans la conférence du 20 août:

Blog de Jean Caune: http://affiniteelective.wordpress.com

Blog de Jean-Michel Lucas: www.irma.asso.fr/Jean-Michel-Lucas-Ddoc-Kasimir

Livres cités:

L’histoire de l’art est-elle finie?,  Hans Betting,  1983

Par la présente, je n’appartiens plus à l’art, Joseph Beuys

Artistes sans art, Jean-Philippe Domecq, 1994

Où est passé l’art?, Christian Delacampagne, 2007

L’art à l’état gazeux, Yves Michaud

 

Le développement, coopération et solidarité, pour un ancrage dans l’économie sociale et solidaire

Pour les Ceméa, mouvement militant d’Éducation nouvelle, les références à l’éducation restent centrales et mettent au cœur de l’action l’enfant et son devenir. Le développement est alors appréhendé prioritairement comme un levier stratégique, une façon d’aborder la solidarité avec l’environnement, plus exactement avec le milieu de vie des enfants et des familles mais aussi avec le champ politique et institutionnel qui y contribue. Afin de pouvoir réfléchir et débattre à propos du développement dans la perspective proposée précédemment, quatre notions aident à construire une pensée collective et une culture partagée. Les rapports entre commande /demande (identifier et mettre à l’étude ce rapport complexe entre la commande initiale et les demandes  de transformation sociale), l’enjeu de la coopération (inscrire l’action menée dans un système d’acteurs complexe qui préexiste à l’intervention et qui se poursuivra après celle-ci), la création d’espaces transitionnels (qui permet de mieux identifier le rôle des Ceméa dans des processus de changement au plan local, d’une communauté de vie, d’un territoire), la solidarité
(s’y référer est aussi une façon d’inscrire les Ceméa dans le champ de l’Économie sociale et solidaire).

Intervenante : Joëlle Bordet, psychosociologue


Mouvement d’éducation et développement

Le travail collectif mené dans la recherche action « Éducation et développement » a pour ambition de contribuer à qualifier, à nommer, à mieux identifier les processus de développement mis à l’œuvre par le mouvement d’éducation. Nous faisons alors le pari qu’une identification solide de ce paradigme de l’intervention des CEMÉA peut aider à construire une élaboration stratégique, contribuant ainsi à traiter les situations en crise en prenant en compte notamment l’activité de production.

L’objectif n’est pas tant de rechercher « la » solution, « la bonne méthode » ou pire « la bonne pratique». C’est avant tout d’identifier et de traiter ce qui permettra demain à notre mouvement, à notre association, de mettre en tension positive le rapport entre un contexte politique, social et institutionnel en constante évolution avec notre identité et nos activités pour penser puis agir « le » développement, « notre » développement, celui que nous aurons choisi.

Intervenants : Joëlle Bordet, psychosociologue ;  Pierre Jan Andrieux, Bernard Heckel


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