Une indépendance d’un nouveau genre !

Des velléités d’indépendance, une nouvelle forme d’organisation, vers une nation à construire pour glisser de l’outremer à la Ficeméa, se sauver enfin d’une situation due à un habitus hérité d’un passé où l’esprit colonialiste domine, un engagement politique lié à une histoire douloureuse et vectrice de révolte légitime… telles sont les représentations qui nous viennent à l’esprit lorsque nous écoutons ce qu’ont à nous dire les militants de Nouvelle Calédonie depuis le début du regroupement , la vérité nous oblige à convenir que nous ne nous trompons pas beaucoup. En effet, Jean Philippe, le président des Ceméa de Nouvelle Calédonie précise que les Accords de Nouméa (5 mai 1998) ont fixé un cadre statutaire qui définit un cadre statutaire notifiant une procédure de rétrocession irréversible au pays d’outremer de l’ensemble des compétences dévolues à la France. Les cinq dernières compétences feront l’objet de la question posée au référendum à programmer entre 2018 et 2022. Mais les choses ne sont pas si simples, la force d’inertie (le territoire ne compte que 300 000 habitants pourtant !) conduit les autochtones à ne pas trouver le projet excitant, chacun est prisonnier de son discours et campe sur ses positions et la préservation de ses intérêts. Le concept de citoyenneté particulière, pour lequel milite l’Association Territoriale des Ceméa, Pwära Wärö, n’avance pas. Il s’agit de rentrer dans le vingt et unième siècle en conservant une part culturelle symbolique qui deviendrait institutionnelle. Les associations d’éducation populaire de l’île font le constat amer que pour les profanes les actions d’éducation ne sont prises que pour de l’animation stricto sensu. La peur est le frein à toute progression, les équilibres sont déplacés, des choses ont été écrites il y a quinze ans et rien n’avance. Pour ancrer encore plus la réflexion sur un aujourd’hui décevant, l’analyse de jeunes formulée lors de la journée internationale de la jeunesse à Koumac le 12 août 2015 permet de poser le constat que malgré les bonnes intentions de l’accord de Nouméa les inquiétudes filmées par l’équipe sous la responsabilité de  Pierre Lepeu et Christian Gautellier, il y a quinze ans (film Appelle moi Bwaé)) sont toujours d’actualité. Rien n’a bougé et c’est cette inertie qu’il faut desceller, faire tomber de leur socle les vieux schémas archaïques et installer une nouvelle approche citoyenne, qui inévitablement bouleversera l’habitude et permettra de créer une nouvelle façon de concevoir l’indépendance. Le processus est enclenché, l’échéance du changement même si il est exaltant de s’imaginer l’atteindre maintenant est à portée de pensée mais pour demain.

 

François Simon

 


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