Droit de cité pour la laïcité

« L’espagnol a détruit mon français »

° Bel exemple d’une invasion barbare qui dissout l’intégrité d’un territoire dans l’acide d’un impérialisme qui ne dit pas son nom. conferencelaicite (21)

Une langue en s’imposant comme dominante dans un quotidien où elle est parlée fait taire une autre qui jusque là avait sa légitimité et son droit. L’identité de la personne qu’elle contamine s’en trouve mise en danger. Le parallèle est facile à tracer avec la laïcité ! En effet, si comme le cite Henri Pena-Ruiz, Montaigne a dit que « chaque homme porte en lui la forme entière de l’humaine condition » il semble que chacun peut tour à tour faire preuve de prosélytisme ou en être victime, tant l’envie de convaincre, de faire tache avec comme mise en perspective le respect total de l’espace intime de l’autre, tient de l’exercice de funambule. Comment penser et agir sans que ce qu’on pense et qu’on agit ne vienne effacer chez l’autre, balayer d’un discours ou d’un acte ce qui en fait l’unicité, son identité intelligente ? La laïcité commence en soi pour laisser place aux mots de l’autre et lui glisser les siens. Sans que jamais aucun n’efface des convictions ancrées sur une histoire de vie mais contribue à les interroger.

La laïcité est un principe sine qua non du projet des Ceméa, aussi il semble logique que Henri Pena-Ruiz ait été invité à faire part de son éclairage. J’en attendais beaucoup, trop peut-être. Ses propos sont vifs, puissants, marqués, engagés. Preuve en sont ces phrases qui font mouche : L’être n’est pas un échantillon. L’obscurantisme, c’est mettre sur le même plan un savoir scientifique et une croyance religieuse. Il parle d’Europe gloutonne et dévoreuse et se positionne clairement en affirmant que les politiques entravent la pleine mesure de la laïcité. Il n’hésite pas à vilipender les ministres actuels, assénant des phrases assassines et un brin péremptoires. Mais ses envolées pro latinistes sont un peu surannées. Son discours est bien huilé, documenté, pile dans les schèmes de ce que les Ceméa défendent. Il est corrosif mais cela reste un discours et un point de vue certes affirmé et assumé mais qui ne permet pas de donner des armes aux futurs citoyens. Ousseynou Dieng° a, lui, apporté sa pierre d’acteur au débat, entrouvrant la porte à un autre regard, à une vision alternative.

Atmosphère électrique, bruissements intempestifs ont ponctué cette conférence qui a eu cependant le mérite d’irriter, d’enthousiasmer, de refroidir, de chuchoter en filigrane que la question de la laïcité dans la société reste un sujet brûlant. En effet la laïcité est farcie de bonnes intentions et cuisinée dans le faste de la soie, il faut prendre garde à ce que le festin laisse une part à tous et une place au banquet. Ici aussi il n’est pas question de penser pour les autres.


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Une réflexion au sujet de « Droit de cité pour la laïcité »

  1. Une conférence plus qu’une table ronde! Une attitude de H.Pena Ruiz qui laisse peu de place à la contradiction et à l’ouverture vers d’autres problématiques. Les acteurs de terrain sont aujourd’hui confrontés à de grosse difficultés dans la mise en œuvre du « vivre ensemble ». Il nous faut collectivement prendre le temps de réfléchir au sein de notre mouvement. Réinterroger nos pratiques, nos positionnements. Le sujet est complexe et nėcessite ce travail. Le copain Oussey nou Dieng a eu le mérite d’ouvrir cette porte. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que notre orateur principal n’a pas vraiment été dans une écoute bienveillante ! Dommage. David Ryboloviecz, AT Rhône Alpes.